livres
DEALER DU TOUT PARIS
tome 1
AVERTISSEMENT Dans le milieu, j’ai toujours été connu comme un homme intègre, loyal en amitié et réglo dans les affaires. La calomnie, la médisance et le commérage n’ont jamais été mes tasses de thé, ni même dans ma nature. J’ai toujours combattu ces déviances morales, parfois les armes à la main, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer, alors que les planètes sont toutes orientées dans la bonne direction pour moi, tant sur le plan matériel que sur le plan de l’amour et de la santé. Pourtant, certains lecteurs seront choqués par mes propos. Mais je ne raconte pas ces événements parce que je serais mû par un quelconque besoin de notoriété, simplement parce que j’ai besoin de rétablir certaines vérités en donnant ma propre version des faits. Très vite, dans la vie, ma passion pour les femmes a été supplantée par ma passion pour la coke. Une passion honteuse que je ne recommande à personne. M’adonnant à une multitude de folies nouvelles que la coke et l’argent me faisaient découvrir, j’ai ajouté un copieux appendice au catalogue interminable des vices qui avaient régné avant moi dans les sociétés les plus dissolues. Oui, j’ai navigué sans cesse et avec une certaine insouciance à la lisière de l’extravagance. J’étais déjà bien connu en Espagne, où j’avais écopé de quarante ans de prison par contumace, après m’être évadé deux fois. En Hollande, après quelques années derrière les barreaux, on a fait de moi un fugitif social : ce qu’on appelle dans ce pays un détenu à la disposition du gouvernement, sur qui n’importe qui peut tirer sans être poursuivi par la police ou la justice. Je ne voulais pas acquérir cette notoriété de criminel en France, mais quelques billets et une énorme demande de cocaïne en ont décidé autrement. Moi, le fils de bonne famille, je me suis retrouvé propulsé malgré moi le 22 juillet 1986 à la une du journal France-Soir : « Le Tout-Paris perd son fournisseur de cocaïne ». C’était l’aboutissement d’une enquête de la brigade des stupéfiants et du proxénétisme du quai des Orfèvres qui n’avait pas débuté par hasard, avec à la clef l’audition de plusieurs personnalités pour usage de stupéfiants. Ces clients célèbres dont je révèle aujourd’hui les noms. Si les États-Unis étaient à l’époque submergés par la cocaïne, la France était touchée depuis le début des années 1980. La cocaïne était alors essentiellement prisée des milieux aisés, du monde du spectacle et de la publicité, qui allaient diffuser cette « mode » dangereuse dans tout le pays. Plus de trente ans plus tard, alors que la France est à son tour inondée de produits en provenance d’Amérique du Sud, il est temps, à mon sens, de briser ce tabou...
tome 2
De Marbella à Paris en passant par Amsterdam… En 1972, alors que je vivais à Marbella, la plus belle ville côtière d’Espagne, où j’étais installé depuis 1964, je décidai soudainement de partir pour suivre une jolie Néerlandaise, qui avait réussi à conquérir mon cœur, mon âme et mon corps, dans ce paradis nordique qu’était à l’époque la ville d’Amsterdam. Jusque-là Marbella m’était apparue comme la ville qui correspondait le plus à ma personnalité. Pour moi, grand chasseur de femmes devant l’Éternel, elle était un territoire de chasse riche en proies féminines et pratiquement inépuisable. La ville la plus vivante, la mieux « fréquentée » en termes de « résidents permanents », et, avec son architecture, la nature et la propreté de ses plages, elle était à mes yeux la plus mirobolante, la plus mirifique, tout simplement la plus accueillante d’Espagne. Ce qui faisait que, dans mon esprit, y finir mes jours était, tout bien considéré, la meilleure des options. Pourtant, le sort en ayant décidé autrement, j’eus un jour à me résoudre à le quitter, ce petit paradis, le cœur serré. Mais la Hollande, connue pour être ultra permissive, était le seul pays où je pouvais poser mes valises et m’installer sans trop de risques de terminer ma vie au fond d’une oubliette, comme cela m’était arrivé une fois en Espagne. J’avais déjà une mentalité de hors-la-loi, de révolutionnaire, de marginal excessif en quittant le sol ibérique, où je croyais avoir tout vu, tout entendu, tout vécu. Mais la Hollande, en plus de me conforter dans mon amoralité, et plus tard la France dans mon immoralité, me démontra que j’étais encore bien loin de la réalité… En effet si je croyais avoir tout essayé, tout compris et tout savoir sur la nature humaine après quelques années à Marbella, et après y avoir fréquenté des gangsters venant du monde entier – qui s’y cachaient ou y passaient des vacances bien méritées, et qui, protégés par le maire qui se laissait volontiers corrompre, faisaient toutes sortes d’affaires illicites au vu et au su d’une police encore plus corrompue –, je déchantai vite après quelques mois en Hollande. En effet, ce pays que l’on m’avait décrit comme étant démocrate à outrance, permissif et pas très « méchant » en matière de peines judiciaires, m’est rapidement apparu comme étant l’université internationale du crime à ciel ouvert, et en tous genres… Un vrai repaire de pirates internationaux de grande envergure et de qualité, mais très « sympathiques » et bons vivants. Quelques années plus tard, après un séjour enchanteur et inoubliable dans ce pays pendant lequel je m’étais appliqué à parfaire mon éducation criminelle – comme cela se fait dans toutes les prisons du monde – pour devenir un voyou fin et distingué (ce que je n’étais pas auparavant), je décidai d’aller à Paris. Cette ville que le monde entier s’accordait à dire qu’elle était la capitale du raffinement, du savoir-vivre et des bonnes manières, en bref tout ce qui manquait à l’enseignement hollandais qui lui n’était basé que sur le pragmatisme, le business à l’américaine pur et dur teinté de piraterie sans foi ni loi. Ce fut une grande erreur que de venir m’installer à Paris, car ce que j’allais découvrir allait dépasser mon entendement, moi qui étais pourtant un peu dément… je le jure ! Plutôt qu’un Paris dansant, joyeux et vivant, plein de gens avenants, je découvrais une ville d’hypocrites, d’envieux, de délateurs, de vicieux et de pervers ; un pays débordant de politiciens et de parlementaires véreux, cocaïnomanes pour la plupart et grands donneurs de leçons, qui passaient leur temps à nous faire la morale et à nous inciter à respecter les lois hautement liberticides et les interdits que sans cesse ils s’ingéniaient à nous concocter, alors qu’eux-mêmes les enfreignaient allègrement. Sans oublier les critiqueurs, les empêcheurs de tourner en rond, qui ne sont sur terre que pour emmerder ceux qui ne partagent pas leurs idées, des pécheurs devant l’Éternel à qui ils montrent le chemin à grand renfort de sermons hypocrites, alors qu’eux sont pourris jusqu’à la moelle....
Nouveauté
Dans Dealer du Tout-Paris, Gérard Fauré évoquait brièvement sa jeunesse marocaine. Il revient ici sur cette période cruciale qui l’a initié à la drogue, aux complots politiques et aux vices cachés des élites. Ce récit étonnant permet de mieux comprendre comment il est devenu le « dealer du Tout-Paris » et jette une lumière crue sur le rapport des dirigeants français avec le Maroc depuis 50 ans.
Fils du médecin de la famille royale marocaine, Gérard Fauré découvre à travers son père les circonstances troubles de la mort de Mohammed V, qui a permis à son fils Hassan de lui succéder ; les manoeuvres des services secrets français pour s’assurer l’obéissance du nouveau roi ; et enfin le complot ourdi par le général Oufkir, chef des services secrets marocains, accusé d’avoir fait assassiner l’opposant Ben Barka, pour s’emparer du trône.
À peine sorti de l’adolescence, Gérard Fauré devient l’amant d’une femme de pouvoir charismatique qui reçoit chez elle toute la haute société marocaine : Hadja, épouse du général Oufkir. Malgré lui, il est alors mêlé à des affaires d’État qui le dépassent. Amoureux comme on peut l’être à 25 ans, Gérard devient un simple pion du « Grand Jeu » des puissances occidentales au Maghreb. Manipulé par sa maîtresse, menacé de mort, il va vivre un véritable thriller, bientôt pourchassé par les polices de plusieurs pays.
Récit d’une éducation sexuelle, politique et criminelle, cet épisode inédit livre quelques clés de l’histoire contemporaine, et dévoile comme jamais les blessures secrètes d’un jeune homme appelé à devenir l’un des grands voyous de son époque.